IMAGINATION
IMAGINATION. Mot par lequel on désigne une des plus belles facultés que l'homme
puisse acquérir ; celle d'inventer, d'imaginer, c'est-à-dire, de former
arbitrairement, avec des idées acquises, des idées nouvelles d'un autre ordre
que celles qui proviennent de ses jugemens et de ses raisonnemens ordinaires.
En rendant à la fois plusieurs idées présentes à notre esprit, nous les mettons
en comparaison, nous en obtenons une idée nouvelle à laquelle nous donnons les
noms de conséquence, de jugement ; et l'on sait que des séries de conséquences
constituent nos raisonnemens, et que chaque raisonnement amène une conséquence
générale relativement aux objets considérés. Or, ce n'est point de ces
opérations de notre esprit dont il est ici question ; mais de celles qui
consistent à former, avec des idées acquises rendues présentes à notre pensée,
des idées nouvelles qui ne sont pas des conséquences directes de celles
employées, et qui sont, au contraire, ou de nouveaux rapports trouvés entre ces
idées, ou des transformations opérées parmi elles par l’imagination.
Quoique souvent peu facile à saisir et à limiter, on sent qu'il y a une
distinction à faire entre la faculté d'invention et celle plus éminente encore
qui constitue réellement l'imagination.
Inventer, c'est trouver des moyens nouveaux de faire ou d'exécuter quelque
chose. La faculté d'invention se bornant à la recherche de nouveaux rapports
entre les objets considérés, peut se concentrer dans un ordre particulier
d'idées, et l'individu qui la possède, peut y exceller sans être doué d'une
grande imagination. Cette faculté ne s'appliquant guère qu'à des objets qui nous
sont directement utiles, comme aux arts industriels, aux arts mécaniques, etc.,
il suffit, pour l'obtenir, d'être très?fécond en idées qui concernent l'ordre de
celles auxquelles on s'est adonné, et de s'être exercé à les rendre facilement
présentes à son esprit. Mais un individu, très- [très-fertile]
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